La peur de la nature
Lecture distraite du carnet du” Monde” en ce début Janvier 2006.
Et puis un choc : un nom , François Terrasson; il est mort. A 66 ans.
Sur Internet ,deux, trois, dix messages relaient la nouvelle. Des réactions personnelles de sympathie sur les forums de naturalistes.
Chercheur atypique au Muséum d'Histoire Naturelle, l’homme est bien connu pour son combat pour la préservation et le respect de la Nature sauvage et contre les idées reçues dans ce domaine. Cela lui a valu parfois des désagréments dans une administration qui n’accepte pas les francs-tireurs.
La Nature dans l'Homme, l'Homme dans la Nature, tel était son credo.
Il l’avait exprimé dans ses livres dont un des plus connus est La peur de la nature paru en 1988 aux éditions “Sang de la Terre”.
Grâce à la lecture de ce livre, j’ai pu réaliser que mon rapport à la nature restait plus qu’ ambigu. Je ne suis pas à l’aise dans la nuit de la forêt, tout près de la maison. Seul, le jour en sous bois, je n’aimerai pas me trouver face à une famille de sangliers ou à un cerf en rut. Le serpent à robe de vipère qui est venu me rendre visite cet automne dans mon jardin m’inspire du respect et je garde mes distances . Je ne manipule qu’après un léger temps d’arrêt ce qui est froid et humide, gluant ou visqueux: vers de terre, limaces, etc.
Aimer la nature pour la connaître, et non pas l’inverse .
Je reste malgré tout naturaliste, et j’aime me trouver en pleine nature pour la connaître et la comprendre; et pourtant j’ai comme un malaise dans les réserves étiquetées , gérées, jardinées, les parcs protégés, inventoriés etc.
C’est cela qui me fait regretter , comme François Terrasson, tout cet aménagement de la nature un peu niais qui se profile et s’amplifie, avec des discours de gestionnaires aménageurs. Si cela continue, dans le Lot ou ailleurs, on aura du mal à se promener sans tomber le long d’ un sentier botanique sur un panneau explicatif d’interprétation du paysage ou une étiquette de plante. Et tous ces murets du Causse si bien restaurés où plus rien ne pousse, témoins de notre époque pas à l’aise avec son présent et qui cherche désespérément à reconstituer un passé paysan mythique qui n’a jamais existé.
Et les rives à végétation mutilée de ces petites rivières dont le cours a parfois, oh horreur, été rectifié, devenant rectiligne.
Pour notre société, la nature c’est très bien, mais à dose supportable
De temps en temps la nature , qui se fout complétement de tout cela , pique une colère tempête, grêle, pluie diluvienne, inondation, ravinement, glissement de terrain et vient remettre son ordre bien différent de celui instauré par l’homme. Et les sacro saint inventaires des stations de plantes rares en sont alors tout bouleversés, cul par dessus tête....
La pleine nature , elle peut être pourtant très proche; elle est souvent à ma porte, plante ou animal, mais elle peut aussi se trouver en milieu plus hostile, une tourbière par exemple ( ah! l’envie de m’assurer de la présence de telle plante rare qui est parfois aussi forte que la peur de m’enfoncer, bel exemple de la double contrainte à laquelle nous sommes souvent soumis dès qu’il s’agit de nature, évoquée par F.T. ).
On a envie de connaître, parce qu’on aime bien sûr, mais on a la frousse.
Francois Terrasson est donc parti. Restent bien sûr ses idées et ses livres, mais pour nous naturalistes, il va diablement nous manquer.
Et puis un choc : un nom , François Terrasson; il est mort. A 66 ans.
Sur Internet ,deux, trois, dix messages relaient la nouvelle. Des réactions personnelles de sympathie sur les forums de naturalistes.
Chercheur atypique au Muséum d'Histoire Naturelle, l’homme est bien connu pour son combat pour la préservation et le respect de la Nature sauvage et contre les idées reçues dans ce domaine. Cela lui a valu parfois des désagréments dans une administration qui n’accepte pas les francs-tireurs.
La Nature dans l'Homme, l'Homme dans la Nature, tel était son credo.
Il l’avait exprimé dans ses livres dont un des plus connus est La peur de la nature paru en 1988 aux éditions “Sang de la Terre”.
Grâce à la lecture de ce livre, j’ai pu réaliser que mon rapport à la nature restait plus qu’ ambigu. Je ne suis pas à l’aise dans la nuit de la forêt, tout près de la maison. Seul, le jour en sous bois, je n’aimerai pas me trouver face à une famille de sangliers ou à un cerf en rut. Le serpent à robe de vipère qui est venu me rendre visite cet automne dans mon jardin m’inspire du respect et je garde mes distances . Je ne manipule qu’après un léger temps d’arrêt ce qui est froid et humide, gluant ou visqueux: vers de terre, limaces, etc.
Aimer la nature pour la connaître, et non pas l’inverse .
Je reste malgré tout naturaliste, et j’aime me trouver en pleine nature pour la connaître et la comprendre; et pourtant j’ai comme un malaise dans les réserves étiquetées , gérées, jardinées, les parcs protégés, inventoriés etc.
C’est cela qui me fait regretter , comme François Terrasson, tout cet aménagement de la nature un peu niais qui se profile et s’amplifie, avec des discours de gestionnaires aménageurs. Si cela continue, dans le Lot ou ailleurs, on aura du mal à se promener sans tomber le long d’ un sentier botanique sur un panneau explicatif d’interprétation du paysage ou une étiquette de plante. Et tous ces murets du Causse si bien restaurés où plus rien ne pousse, témoins de notre époque pas à l’aise avec son présent et qui cherche désespérément à reconstituer un passé paysan mythique qui n’a jamais existé.
Et les rives à végétation mutilée de ces petites rivières dont le cours a parfois, oh horreur, été rectifié, devenant rectiligne.
Pour notre société, la nature c’est très bien, mais à dose supportable
De temps en temps la nature , qui se fout complétement de tout cela , pique une colère tempête, grêle, pluie diluvienne, inondation, ravinement, glissement de terrain et vient remettre son ordre bien différent de celui instauré par l’homme. Et les sacro saint inventaires des stations de plantes rares en sont alors tout bouleversés, cul par dessus tête....
La pleine nature , elle peut être pourtant très proche; elle est souvent à ma porte, plante ou animal, mais elle peut aussi se trouver en milieu plus hostile, une tourbière par exemple ( ah! l’envie de m’assurer de la présence de telle plante rare qui est parfois aussi forte que la peur de m’enfoncer, bel exemple de la double contrainte à laquelle nous sommes souvent soumis dès qu’il s’agit de nature, évoquée par F.T. ).
On a envie de connaître, parce qu’on aime bien sûr, mais on a la frousse.
Francois Terrasson est donc parti. Restent bien sûr ses idées et ses livres, mais pour nous naturalistes, il va diablement nous manquer.
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