Journal de Botanique numéro 35
Publication de la Société Botanique de France, il est arrivé au courrier ce midi.
Avec une couverture qui réveille ma nature de chineur d'Histoire de la Botanique régionale du 19° siècle et son cortège d'érudits locaux, de docteurs herborisant entre deux visites à cheval, de potards herboristes distingués, d'instituteurs apprenant le nom des plantes à leurs éléves fils de paysans, de curés en gros godillots courant les monts et les bois entre deux extrémes onctions, de magistrats peu surchargés abandonnant un peu la robe pour la fréquentation des chemins campagnards en compagnie de fonctionnaires des impôts, de militaires en garnison , etc..; bref toute cette nuée de botanistes infatiguables dénicheurs d'espèces qu'on invoque toujours quand on vient de retrouver une plante qu'on croyait disparue ou très rare.
Au sommaire, Vincent Poncet du Museum d'Histoire Naturelle de Grenoble nous offre une pleine brassée goûteuse de Matériaux pour l'Histoire de la Botanique Dauphinoise .
Comme tout lecteur gourmand, je feuillette d'abord les 90 pages joliment illustrées de vieilles photos et de reproduction de parts d'herbier avec des arrêts plus prolongés lorsqu'un nom ou une date retient mon attention. La lecture attentive, avec prises de notes, viendra plus tard.
Et je tombe sur la photo et la biographie d'un botaniste dont j'ai recherché longtemps et en vain dans les catalogues et les librairies anciennes, l'oeuvre majeure: il s'agit de Jules Revol, auteur en 1909 d'un Catalogue des plantes vasculaires du département de l'Ardéche.
Instituteur de campagne, il était bien placé pour recenser en détail les espèces ardéchoises. Je savais qu'il avait guidé sur le terrain deux abbés botanistes contemporains, le chanoine Coste et son inséparable abbé Soulié .
Aussi ai je découvert avec beaucoup d'amusement qu'en retraite, maire de Vif (Isère), son village natal, il fait expulser le curé en 1927 et que cela hérisse les habitants. Gageons que ce curé n'était pas botaniste ....
Ces détails biographiques montrent bien que les botanistes restent toujours et malgré tout des hommes et parfois peu aimables.
Cherchant à me documenter sur Coste il y a quelques années, j'avais lu que Coste s'était fortement opposé, à la tête de ses paroissiens, aux inventaires lors de la séparation de l'Eglise et de l'Etat.
Mais aussi qu'il s'était fortement empoigné à propos de roses avec l'abbé Gandoger au cours de séances de la Société Botanique de France, où il n'avait pas sa langue dans sa poche, maniant l'ironie avec aisance contre son contradicteur.
Et pourtant les photos prises lors des sessions extraordinaires montrent que tout ce petit monde ancien semblait toujours fort bien s'entendre sur le terrain...
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