Une prêle très ramifiée.
Equisetum ramosissimum Desf.
Depuis plus de dix ans, près du garage d’Avignon qui entretient ma voiture, j’observe dans cette ville cette prêle méditerranéenne des milieux humides et rudéraux bien en place. Le nom d’espèce est parfois très mal adapté; ici les ramifications n’apparaissent que lorsque la plante est sectionnée. Sinon la tige est unique et bien droite.
Cette espèce est d’une résistance incroyable ; elle perce les revêtements des trottoirs et arrive à sortir au bas du mur à la séparation mur-trottoir, et ceci malgré les arrachages et les herbicides.
J’avais observé le même phénomène sur le parking de l’animalerie qui avait précédé le centre culturel Leclerc à Cahors, en identifiant la prêle responsable comme E. x moorei, hybride de E.ramosissimum et de E.hyemale. Les revétements actuels sont neufs. Nous verrons bien si la plante reprend son expansion interrompue.
Il est temps de faire une piqûre de rappel sur les idées de François Terrasson décédé au début de l’année et sur le rapport de certaines espèces végétales ou animales avec l’homme: dans le cas des jussies comme de la prêle, nous sommes invités à détruire les plantes, au nom d’une certaine crainte d’être envahis; dans le premier cas, le prétexte est la protection d’une certaine biodiversité à qui nous donnons la priorité, dans le deuxiéme cas, c’est une conception de propreté, celle là-même qui nous fait éliminer les araignées ou les fourmis d’une maison normale, sans tenir compte de la biodiversité légitime qui pourrait exister dans une maison. Dans les deux cas, on a peur de la normalité, c’est à dire de l’invasion naturelle. Est ce la peur de la nature si bien décrite par François Terrasson?
Attitude paradoxale, car nous avons invité et nous invitons encore la jussie à s’exprimer dans les bassins d’ornements, alors que nous savions depuis le début du 19° siécle que cette espèce pouvait être localement envahissante: les livres d’horticulture de l’époque en témoignent. De même actuellement, les graminées ornementales proposées à la vente peuvent parfois montrer des dispositions à s’évader. Ainsi Stipa capillata, graminée d'Europe centrale, utilisée parfois pour orner les carrefours giratoires se ressème très facilement.
J’ai vu récemment Senecio inaequidens, le Séneçon du Cap, si envahissant dans le Narbonnais figurer en culture dans les petits jardins de façade du village de Lherm, et seulement là, absent (provisoirement ?) des bords de route voisins de Bouriane.
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