mercredi, janvier 31, 2007

Les petites gouttes de Bouriane Verte

En 1961, jeune prof de Sciences naturelles fraichement formé, j'avais été désigné volontaire pour prononcer le discours de distribution des prix de mon Lycée. Cette coutume étrange se pratiquait encore dans notre petite sous préfecture.

Je choisis donc de traiter de la Protection de la Nature.




Je m'étais nourri alors du livre pionnier de Roger Heim et avec des camarades étudiants, nous avions beaucoup discuté sur le sujet à partir des articles d'une belle revue d'alors, Science et Nature , revue de la Société des Amis du Museum, qui commençaient à parler d'écologie scientifique, ignorée des enseignements universitaires de l'époque. Ces articles ainsi que ceux de la revue défricheuse d'idées bretonnes, Penn Ar Bed, allaient me fournir la substance du discours au moment où l'industrialisation de la région de Dunkerque, proche, battait son plein et détruisait la dune et la côte encore sauvage.



Ce discours, censuré quelque peu au cours de la rédaction par mon proviseur, ennuya les élèves et eut un succés d'estime auprès des autorités. Le sous-préfet me dit avec beaucoup d'amabilité que j'avais répercuté les arguments de l'Unesco. L'usine métallurgique de Dunkerque se contruisit tout de même, suivie par la centrale nucléaire de Gravelines.

Alors , figurez vous que bien des années après, ce matin, j'ai eu deux petites satisfactions:

la première, c'est de voir le bulletin d'information de midi à la télé: voir tous ces "gens importants", futurs décideurs peut-être, venir au rendez vous du Nicolas de TF1, pactiser et signer une grande affiche au Musée du Quai Branly.

la deuxiéme, c'est d'avoir lu un commentaire sur ce blog , concernant la prise en compte progressive du milieu naturel par RTE EDF...C'est un début...Continuons...

Dans le fleuve des idées et des faits qui alimentent une prise de conscience progressive de la fragilité de la Terre et de sa pellicule vivante, je rajoute donc cette petite goutte. Dans un fleuve, elle risque tout de même moins de s'évaporer.

dimanche, janvier 28, 2007

Les nobles lauriers de Combes



Combes est un écart de St Denis près Catus, longtemps occupé de façon permanente par un couple d'agriculteurs très âgés qui vient de disparaître.




Longtemps je suis passé sur la route en voiture sans remarquer ce groupe de Lauriers au milieu des bâtiments dispersés.

En effet ils se fondent en été au milieu des arbres et arbustes voisins des haies et du jardin proches.

Hier, dans l'ambiance et la lumière de la neige fondante, leur présence m'a sauté aux yeux; la tonalité sombre et la masse harmonieuse du feuillage au milieu des constructions traditionnelles de pierre claire y sont pour beaucoup. J'imaginais mes anciens voisins allant recueillir quelques feuilles pour aromatiser les plats cuisinés sur le feu entretenu par les bûches de chêne des bois des alentours. C'est toute la vie paysanne de la première moitié du 20° siècle qui se prolonge à travers la noblesse de ce laurier-sauce.

Mais ne restons pas dans le passé; la tradition des plantes aromatiques et médicinales semble se prolonger en cette période: témoignage des élèves du Collége Albert Camus de Dieppe (voir naturacamus)allant visiter à l'initiative de leurs professeurs un jardin où on cultive ces plantes.

Et Internet qui me permet de relier facilement ces jeunes aux connaissances des botanistes et en particulier au réseau Tela Botanica, en leur donnant peut être le désir d'en savoir plus.

jeudi, janvier 25, 2007

La chinoise ne passera pas.


Gros émoi au célébre marché aux truffes de Lalbenque, ce mardi 16 Janvier: un acheteur a failli se faire refiler de la truffe chinoise au lieu de la traditionnelle truffe noire. Heureusement le vendeur démasqué a repris sa marchandise et a rendu les billets. Ouf...

C'est une première.
Il faut cependant rester optimiste: la contrefaçon aura bien du mal à passer !!
Les Quercynois ont du nez et le prouvent.

mercredi, janvier 24, 2007

"Hiver, doux visage"

C'est le titre d'un poème de Claude Morenas dont je cite l'extrait suivant:

"une vie silencieuse existe
et se fait jour
par mille signes
imperceptibles au passant"





Depuis hier , neige et gel nocturne.

Les végétaux font la pause.


mardi, janvier 23, 2007

Sous-bois en hiver

Promenade paisible près de chez moi.

Je remonte de St Denis Catus.

La route serpente sur le flanc de la colline, en flanc Nord de la vallée du Vert.

D'abord, là où le brouillard séjourne en automne, une charmaie.

Sur calcaire, on passe progressivement à la chênaie pubescente claire.


En hiver, les arbustes en sous bois se repèrent aisément:




Le sous bois de genévriers un peu prostrés, sur le calcaire Secondaire ( âge Jurassique).




Apparait ensuite un sous-bois de Daphne laureole qui va bientôt fleurir, sur altérites (terrains Tertiaires).


Et puis on arrive à un sous-bois particulier, que je connais depuis plus de trente ans, au moment où les bacs à déchets gris et vert n'existaient pas. Depuis, une déchetterie modèle fonctionne à quelques kilomètres de là. Et je reçois régulièrement dans ma boite aux lettres le "Journal du tri", fort bien fait, que je lis et conserve.

Il n'empêche: on est ici en tête de vallon; les eaux de pluies qui tombent ici doivent récupérer quelques produits et les transporter dans le Vert, plus bas.

Alors, est-on en présence" d'oubliés du tri" ? A moins qu'on ait voulu justifier un slogan local diffusé abondamment qui nous promet "une surprise à chaque pas "?

lundi, janvier 22, 2007

Ulmus minor ( U. campestris var.suberosa)

Tous les samedis de foire ou de marché, je gare ma voiture à deux pas du Lot, à quelques mètres de ce petit Orme.

Et celui ci me dévoile seulement en hiver, après la chute des feuilles, les étranges crêtes de liége de ses rameaux.


Les bonnes illustrations de cette particularité semblent assez rares sur le Net. On peut en retrouver sur le site du CRDP de Besançon.

Si je consulte la Flore électronique de Tela Botanica, Ulmus minor est absent sur la carte de répartition.


Quelle discrétion !

mardi, janvier 16, 2007

Flore de Tarn et Garonne

Petit voyage sur Internet pour me permettre de compléter mon exemplaire de la Flore de Tarn et Garonne, imprimé à Montauban par l'Imprimerie de Lapie Fontanel pour le compte de la Librairie ancienne et moderne de Rethore, rue du Vieux Palais, et disponible chez l'auteur en 1847.






En effet, je viens de retrouver sur le site du Conseil général de Tarn et Garonne une photographie de l'auteur accompagnée d'une courte biographie ( il était avocat et n'a pas fait que de la botanique).

Le sépia de la photographie ne me convenant pas trop, le portrait devient instantanément noir et blanc. Magie moderne de l'ordinateur qui m'émerveille encore, moi qui ai tant ramé sur l'antique machine à écrire de mon service militaire.

Il reste à reconstituer ses années de formation et son réseau de collecteurs locaux.

Et mon vieux botaniste sera prêt à revivre sous la forme d'une page de traitement de texte !!

lundi, janvier 15, 2007

Voie sur berge et génie végétal

Des événements naturels et les activités humaines s'unissent pour abimer les rives du Lot ( terriers de ragondins, navigation, crues..)

Depuis 2004, le Pays de Cahors a donc décidé de réhabiliter les berges.

Une nouvelle tranche de travaux vient de commencer.




On coupe les arbres "dangereux" (sic), inclinés...

On dispose deux rangées de rondins de résineux






Entre ces deux rangées, on reconstitue une Saulaie artificielle: toile biodégradable sur laquelle on implante des boutures de Saules, avec des Aulnes. Une promenade pour piétons suivra cette Saulaie et prolongera celle aménagée il y a deux ans sur la rive convexe du méandre, partie plate formée essentiellement d'alluvions.




Le résultat des plantations peut se voir sur l'autre rive où l'on a aménagé et sécurisé un espace de pêche pour personne handicapée.

Rappelons tout de même que sur une rivière "normale", non défigurée, la Saulaie se forme spontanément, gratuitement, sans dépense d'énergie et fixe les rives. Le mot employé" réhabilitation", pour désigner les travaux entrepris indique bien que les berges ont été dégradées et n'existent plus sous leur aspect naturel; on peut d'ailleurs les comparer avec les berges de la Dordogne quercynoise, qui réjouissent plus le botaniste herborisant, car elles sont beaucoup plus diversifiées en plantes par ailleurs ( voir à ce sujet les travaux de Felzines dans le Monde des Plantes )

vendredi, janvier 12, 2007

Les Lentilles s'attardent.




Chaque année, en cette période hivernale, l'eau de la citerne est gelée et les lentilles d'eau qui flottent à la surface ont disparu.

Rien de tel cette année: si la Spirodèle à plusieurs racines, Spirodela polyrhiza, n'est plus présente en surface, une partie importante de l'eau est encore recouverte de la Lentille minuscule, Lemna minuta qui résiste encore. Cette photo a été prise hier.

De quoi faire enrager les professeurs de Sciences de la Vie et de la Terre de nos collèges, pour qui les Lentilles représentent d'habitude un matériel vivant souple et conciliant, facile à se procurer, fort apprécié des poissons d'ailleurs, mais un peu moins populaire chez les élèves...

jeudi, janvier 11, 2007

Salade alliacée à éviter

Les rosettes hivernales des plantes bisannuelles sont en pleine forme:


Deux belles rosettes de Laitue vireuse : la sève laiteuse est toxique. Consommation à éviter.



Sur le même talus, à côté une population de rosettes d'Alliaire officinale.

D'autres renseignements ici.

mardi, janvier 09, 2007

Avignon: "on abat un grand arbre"


Dans la forêt sans heures,
On abat un grand arbre
Un vide vertical
Tremble en forme de fut
Près du tronc étendu

Cherchez, cherchez, oiseaux
La place de vos nids
Dans ce haut souvenir
Tant qu'il murmure encore

Jules Supervielle a écrit ce poéme, cité par Francis Hallé dans Eloge de la plante, en 1937.

Nous suggérons aux enseignants avignonnais de faire apprendre ce poéme à leurs éléves: un arbre c'est aussi un lieu de rendez-vous pour la vie.

Avignon: le cyprès vénérable, sculpté par les éléments.







Je reviens sur la restauration et la mise en sécurité du Jardin des Doms à Avignon.

Ce projet me semble avoir été bien mal expliqué, malgré les articles de journaux et l'arrachage d'arbres dans ce haut lieu d'Avignon jette toujours un malaise chez ceux, et ils sont nombreux dans cette ville, qui ont un regard bien différent du rural ou du forestier habitué depuis longtemps à considérer les arbres comme des objets dont on dispose à sa guise.

Citons Francis Hallé, le botaniste qui a médiatisé par le Radeau des Cimes l'exploration de l'interface forêt équatoriale- atmosphère et popularisé son nom Canopée au point que certains organismes l'adoptent en l'orthographiant différemment pour profiter de cette aura verdâtre écologico-botanique.

"Essayons de comprendre ce que sont les arbres , et nous voilà aussitôt dans l'embarras devant le mélange de leur incontournable présence et de leur complète altérité.Resurgit alors une vieille tendance qui remonte au moins à Esope: nous ne pouvons nous empêcher de prêter aux arbres des sentiments humains, un langage humain, voire des formes humaines, leurs branches deviennent des "mains", leur sommet devient une "tête",et leurs racines des "pieds"; on leur trouve un air amical ou menaçant, on les croît capables de souffrir si on les blesse, ils sont censés aimer qu'on leur parle et qu'on les caresse...."


J'espère que cette citation de l'explorateur de la Canopée fera réfléchir le responsable de la destruction prochaine d'un respectable cyprès, et lui permettra peut-être de partager un peu la peine d'un homme qui a fait un long bout de chemin au pied de cet arbre, et celle d'un vieil habitué du Jardin des Doms qui posséde dans son jardin des chênes de 20 ans issus de glands ramassés dans les allées de cette vénérable promenade. Le Jardin des Doms a une histoire avignonnaise ancienne; il est vain d'essayer toujours de rajeunir des vieillards; au plus on les rénove en les rafistolant un peu...

dimanche, janvier 07, 2007

Avignon: massacre à la tronçonneuse au Jardin des Doms ?



Les artistes, les promeneurs, les habitués du Jardin des Doms d’Avignon n’en reviennent pas. Ce cadre qu’ils affectionnent va être prochainement bouleversé.

Le grand vaisseau arboré orienté au Nord , un des éléments majeurs, avec le Palais des Papes et la Basilique ND des Doms de l’admirable panorama de la ville, sublime dans la lumière du soir, ce grand vaisseau donc va être dévoilé, démâté, déplumé.

Ce site classé où nombre d’Avignonnais actuels ont fait leurs premiers pas autour du bassin aux petits canards avait déjà fait l’objet d’une première attaque ciblée lors de la construction d’une buvette pseudo-moderne, chef d’oeuvre de mauvais goût dans ce cadre hérité du 19°siècle.

On s’attaque maintenant au décor végétal en supprimant d’un coup 110 arbres, dont quelques très beaux cyprès. 3 zones sont touchées. Motif incontournable: la sécurité.

Il faut restaurer des murs dont les énormes pierres poussées par la croissance de quelques arbres se sont déchaussées et menacent de tomber.

Et puis comme la vie moderne, c’est le changement et qu’il faut aussi faire tourner le schmilblic et utiliser les impôts locaux, on en profite pour arracher d’autres arbres sur une largeur de deux mètres, en les qualifiant bien sûr de "chétifs , misérables ou en concurrence".Les bonnes vieilles méthodes donc, style coupe à blanc, arrachage des haies et des fruitiers dans le domaine agricole. Il faut faire du neuf, à tout prix, surtout en centre ville. Même si on le regrette dans quelques années.

Et ici , on ne va pas mettre longtemps à le regretter: au 19° siècle, à la création du jardin , on envoyait les petits enfants en promenades convalescentes au Rocher “respirer le bon air”. Gageons qu’avec un “tel arrachage contrôlé”, les paisibles habitués des après midi hivernaux ensoleillés au mistral pourront à loisir goûter à nouveau et à fond les plaisirs discutables d’Avignon “la ville aux vents violents”. Les plantes et arbres voisins, protégés en ce moment par les traditionnels rideaux de cyprès futures victimes de cet arrachage administratif, auront donc droit aussi dans l’avenir à des agressions venteuses plus fortes.

Il est dommage qu’une municipalité qui a eu l’idée lumineuse de réaliser cette prouesse esthétique qu’est le mur des Halles de Patrick Blanc, n’ait pas eu l’idée de faire appel à un paysagiste un peu plus original qui aurait peut être eu d’autres suggestions à faire que l’arrachage pur et simple d’arbres remarquables, en bonne santé, puisque leur activité vitale les rend capables de faire bouger les grosses pierres des murailles.

Le 15 Janvier , c’est donc le massacre à la tronçonneuse qui semble commencer.

Attention: on arrache, mais on remplace: c'est la moindre des choses!

A la place des 110 arbres arrachés (douze essences), on replante 105 arbres de dix neuf autres "espèces", taille de 80cm à 3m de haut !

jeudi, janvier 04, 2007

Ligne EDF


Il y a quelques jours, je suis passé sur la station d'Orchidée endommagée par la pose du pylone de la nouvelle ligne EDF.

Le calcaire posé sur le feutre a été soigneusement enlevé.

A la place de la pelouse humide détruite, c'est l'ancien sol nu au dessus duquel affleure pour l'instant la nappe phréatique.

Le chemin d'accès a été réhabilité.


EDF a donc tenu ses promesses et remis le lieu en état d'accueillir à nouveau la végétation précédente.

Il suffit maintenant d'attendre et de maintenir la veille.

Architecture vernaculaire sur le Frau



Ou plus simplement une "loge" paysanne telle qu'on les bâtissait encore au XIX° siècle autour de Lavercantière, aux confins du Périgord et du Quercy, pour servir de hangar rustique et bon marché, en utilisant en couverture la grande Bruyère à balais, Erica scoparia.
Le Frau de Lavercantière, sorte de grand espace communal pâturé sur sables siliceux a été enrésiné dans les années 1970. En face de la loge, bâtie récemment, des vergers à graines de l'ONF.